Cet article vous invite à découvrir l’alimentation des hommes durant la préhistoire, d’homo erectus à homo sapiens. Il vous donnera les indices, les clefs, d’une alimentation adaptée à notre espèce, base solide de santé et de performance, véritable phare dans le brouillard de la jungle alimentaire moderne.
La préhistoire débuta il y a 3 millions d’années pour se terminer quelques milliers d’années avant notre ère. L’homme et sa génétique se sont façonnés durant cette vaste période. L’évolution de l’homme y a été fulgurante. D’hominidé sans emprise sur l’Histoire, vivant caché dans les forêts équatoriales, nos ancêtres gravirent en quelques centaines de milliers d’années les échelons de la chaîne alimentaire pour s’établir à son sommet. L’homme était devenu le prédateur apex. Même les géants de la mégafaune, tel que le mammouth, étaient à son menu. Les grands prédateurs craignaient ces groupes armés et durent leur céder du terrain… et des calories.
Les scientifiques estiment que ce sont principalement les changements dans son alimentation qui permirent au genre homo d’évoluer de manière aussi radicale et efficace. Partons sur les traces des premiers hommes !
Les articles précédents de la série ont couvert l’alimentation de nos ancêtres les plus lointains : australopithèques puis homo habilis. Retrouvez-les ici.
L’évolution du niveau trophique de nos ancêtres durant la préhistoire
Le niveau trophique d’une espèce correspond à sa position dans la chaîne alimentaire. Les herbivores présentent un faible niveau trophique, tandis que les grands prédateurs qui dominent la chaîne alimentaire ont un haut niveau trophique.
En 2020, des scientifiques de l’université de Tel-Aviv en Israël et de celle de Minho au Portugal ont publié une étude traitant de l’alimentation des hommes durant la préhistoire. [i] Ce papier reconstruit l’évolution du niveau trophique de nos ancêtres homo erectus et homo sapiens et offre une solide base afin de déterminer l’alimentation de nos ancêtres durant la préhistoire. Il s’appuie sur les évidences physiologiques, génétiques, archéologiques, paléontologiques, zoologiques, écologiques et comportementales présentées dans des dizaines d’autres études. C’est l’étude la plus solide et complète à ce jour sur cette thématique.
La conclusion des chercheurs est la suivante :
« Les données montrent que le niveau trophique de la lignée Homo […] a évolué d’une base basse à une position haute et carnivore au cours du Pléistocène, en commençant par Homo habilis et en atteignant son apogée avec Homo erectus. Un renversement de cette tendance apparaît au paléolithique supérieur, se renforce au mésolithique/épipaléolithique et au néolithique. Ce renversement culmine avec l’avènement de l’agriculture. »
Ainsi, l’homme, descendant de primates au faible niveau trophique, a rapidement gravit les échelons de la chaîne alimentaire. Il a passé la majeure partie de son existence, soit plus de 2 millions d’années, dans une position trophique élevée, carnivore. Puis, pour différentes raisons que nous aborderons, l’homme a amorcé une descente à la fin du paléolithique pour atteindre son point bas avec l’avènement de l’agriculture il y a environ 10’000 ans.
Ces 2 millions d’années passées au sommet de la chaîne alimentaire ont façonné notre génétique et notre physiologie. Les traces sont si profondes que l’être humain, aujourd’hui encore, est nettement mieux adapté à une alimentation qui s’appuie sur les produits de source animale.
Les traces laissées par l’alimentation hypercarnivore de nos ancêtres
Nous allons passer en revue les évidences principales qui indiquent que l’alimentation de l’espèce humaine était hypercarnivore durant la vaste majorité de son évolution. Ces indices scientifiques sont détaillées dans l’étude mentionnée plus haut. Ici, je me concentre sur les points les plus marquants et je vais tâcher de les résumer et de les vulgariser au maximum.
Bioénergétique
En comparaison aux autres espèces, l’être humain a besoin de bien plus d’énergie relativement à sa masse corporelle maigre pour survivre. Cela est notamment dû à la taille importante de notre cerveau, très gourmand en énergie et en nutriments. Ainsi, la pression sélective en vue d’acquérir des sources denses d’énergie et de nutriments bioactifs s’est fortement accrue.
De plus, l’attention importante que nécessitent les bébés humains, le temps passé à construire des outils ou à l’éducation réduisent fortement le temps dont dispose l’homme pour acquérir sa nourriture.
En résulte que les groupes d’hommes qui dominaient le débat, évoluaient le plus vite et survivaient étaient ceux qui parvenaient à accéder le plus efficacement à des sources denses de calories et de nutriments.
Acquérir des calories en chassant des animaux de taille moyenne est nettement plus efficace que de le faire par la cueillette de plantes sauvages. La chasse offre un rendement de plusieurs dizaines de milliers de calories par heure, ce qui est un ordre de magnitude (10x) plus efficace que la cueillette.
Il est facile de comprendre ce que nos ancêtres privilégiaient dès qu’ils le pouvaient. Néanmoins, il est probable que les femmes et les enfants s’adonnaient parfois à la cueillette pendant que les hommes partaient à la chasse.
Un primate hypervégétarien passe le plus clair de son temps à récolter et mâcher des plantes fibreuses difficiles à digérer, pauvres en énergie et dont les nutriments sont peu assimilables et généralement non-bioactifs. Un gorille ou un chimpanzé passe la moitié de son temps éveillé à mastiquer des végétaux !
L’homme a obtenu un gain de temps déterminant en consommant toujours plus d’aliments de sources animales. Ceci lui a permis de se consacrer à d’autres activités, accélérant ainsi son évolution.
Qualité nutritionnelle de l’alimentation
L’être humain possède le plus gros cerveau chez les hominidés. Parmi ces espèces, la taille du cerveau, relativement à la taille du corps, est fortement associée à la densité énergétique de leur alimentation. L’alimentation hypercarnivore, riche en graisses et en protéines, présente une densité nutritionnelle largement supérieure à l’alimentation végétale.
Par ailleurs, les aliments d’origine animale ne contiennent, sauf rares exceptions, aucune toxine ni antinutriment. Les végétaux en contiennent tous sans exception. Cela nécessite un travail de détoxification par le foie couteux en énergie et en nutriments. Évidemment, cette détoxification n’est pas parfaite, et les dégâts liés à l’absorption de quantités importantes de toxines végétales sont bien réels et largement sous-estimés. En effet, notre espèce présente une capacité de détoxification relativement limitée en comparaison à d’autres espèces dont l’alimentation est fortement végétalisée depuis des millions d’années.
Réserves de graisse et capacité à la cétose
L’être humain présente naturellement un taux de masse grasse nettement supérieur à celui des autres primates. Cette masse grasse excédentaire nous offre des avantages spécifiques, malgré un prix à payer en termes de vitesse de déplacement et d’agilité.
La cétose est un état métabolique dans lequel notre organisme transforme les acides gras en corps cétoniques afin d’utiliser ces derniers comme principale source d’énergie. La cétose est une alternative au métabolisme du glucose.
Notre capacité à entrer facilement et rapidement en cétose et ainsi à fonctionner essentiellement sur les acides gras durant de longues périodes nous offre des avantages spécifiquement liés à notre statut de chasseur hypercarnivore. En effet, cela nous permet de jeûner durant plusieurs semaines, le temps de mettre la main sur une nouvelle proie de taille suffisante. Cette capacité acquise indique un long passé de chasseur carnivore.
Si l’être humain avait eu pour habitude de consommer de grandes quantités de végétaux durant la majeure partie de son évolution, il ne possèderait pas de telles spécificités.
Pour s’en convaincre, il suffit d’observer nos cousins primates hypervégétariens. Eux n’ont aucun intérêt à maintenir une telle capacité de cétose ni à stocker des graisses de réserve. Et ils ne le font pas. En effet, leurs aliments de prédilection, les végétaux, sont abondants et accessibles en permanence dans leur écosystème. Leur masse grasse est très faible car ils privilégient la vitesse et l’agilité pour atteindre les sources de nourriture et fuir leurs prédateurs.
L’être humain, lui, utilise son cerveau pour se défendre et chasser. Le cerveau est l’organe dont la construction nécessite le plus de lipides, notamment le DHA, et de cholestérol, deux nutriments si précieux pour le développement du cerveau des bébés, et que l’on retrouve uniquement dans les aliments de source animale.
Besoin en DHA
Le DHA est un acide gras à longue chaîne de type oméga-3.
Le cerveau humain nécessite de grandes quantités de cet acide gras pour se développer de manière optimale. De telles quantités sont très difficiles à obtenir via la synthèse endogène de DHA à partir des oméga-3 végétaux (ALA). En effet, l’espèce humaine présente un taux typique de conversion des ALA en DHA de seulement 5%.
En plus de cela, l’enzyme principale dans cette conversion, la delta-6-désaturase, est également impliquée dans la conversion des oméga-6 végétaux, tel que l’acide linoléique.
La vaste majorité des végétaux contient nettement plus d’oméga-6 que d’oméga-3. En conséquence, avec une alimentation hypervégétalisée, l’enzyme en question est saturée par les oméga-6 et le taux de conversion réel des oméga-3 végétaux diminue massivement depuis cette faible base de 5%. Les études montrent que le taux réel évolue entre 0,5 et 5%.
Ce taux peut être accru jusqu’à environ 9% par une diète volontairement pauvre en oméga-6 et très riche en oméga-3 ALA via la consommation de suppléments alimentaires. De telles stratégies étaient impossibles durant la préhistoire.
Si l’espèce humaine avait dû obtenir son DHA principalement via cette conversion des acides gras végétaux, l’évolution aurait favorisé un accroissement significatif de l’efficacité de cette voie, et ce depuis très longtemps. Ce n’est pas le cas.
D’ailleurs, des modifications génétiques attestent bel et bien d’un léger accroissement de cette capacité à convertir les ALA en DHA. Cependant, ces modifications sont très récentes à l’échelle de l’évolution : quelques dizaines de milliers d’années tout au plus. Par ailleurs, cette période correspond à celle où les humains furent forcés de consommer de plus grandes quantités de végétaux pour faire face à la rareté de leurs proies de prédilection, les animaux de grande taille, riches en graisses animales, et donc en DHA.
Du reste, cette période correspond à celle qui a vu le début d’une régression de notre volume crânien. En quelques dizaines de milliers d’années, la taille du cerveau de l’humain est passée d’une moyenne de 1466cc durant la majeure partie de l’existence d’homo sapiens à une moyenne de 1307cc aujourd’hui. Cette régression s’est encore accentuée avec l’avènement de l’agriculture. Le pic du volume crânien de notre espèce date d’il y a environ 60’000 ans, avec plus de 1560cc en moyenne. Depuis ce pic, la taille du cerveau a connu une diminution massive d’environ 16% ! [ii]
En résumé, les hommes ont été capables d’accroître la taille de leur cerveau durant des millions d’années, et cela malgré une capacité à convertir les ALA en DHA encore plus faible que celle dont nous disposons aujourd’hui. Ceci s’explique par l’alimentation hypercarnivore de nos ancêtres durant la vaste majorité de leur évolution.
Si homo erectus ou les premiers sapiens avaient consommé une alimentation hypervégétalisée, ces modifications génétiques seraient survenues depuis bien plus longtemps, probablement des millions d’années, afin de soutenir l‘accroissement de la capacité cérébrale de notre espèce. C’est exactement le contraire qui s’est produit, et l’introduction massive des végétaux a initié une réduction de notre capacité cérébrale.
Acidité de l’estomac
L’estomac de l’être humain est extrêmement acide. Mesurée en pH, notre acidité gastrique présente une valeur d’environ 1,5. Le pH mesure l’acidité sur une échelle logarithmique. Plus le chiffre est faible, plus c’est acide. Par ailleurs, chaque décrément d’unité représente une multiplication d’acidité par 10. Ok, vous êtes peut-être un peu confus : un pH de 2 représente 10 fois plus d’acidité qu’un pH de 3. Un pH de 1 représente 1000 fois plus d’acidité qu’un pH de 4. C’est sûrement plus clair comme ça.
Maintenir une telle acidité présente un coût considérable pour l’organisme, que se soit pour produire cet quantité importante d’acide ou pour en protéger les parois de notre estomac. Notre espèce ne maintient pas une telle acidité pour le plaisir, ni pour digérer des épinards.
L’acidité de l’estomac a deux objectifs majeurs :
- Favoriser la digestion des protéines, principalement en activant la pepsine, et des graisses, en activant la lipase gastrique.
- Détruire les bactéries pathogènes
Le deuxième point est le plus important. Plus un animal consomme d’aliments qui lui sont similaires, plus cet animal doit se protéger contre les bactéries qui décomposent cet aliment. Pourquoi ? Car ces bactéries se nourrissent de matière animale et peuvent donc, pour simplifier, le bouffer de l’intérieur. Ainsi, les herbivores présentent des estomacs nettement moins acides que les carnivores, car ils mangent des aliments sur lesquels évoluent des espèces de bactéries qui se nourrissent de matière végétale, et qui sont donc moins dangereuses pour les tissus d’un animal.
Les animaux qui présentent les pH gastriques les plus faibles (donc les plus acides, si vous avez suivi) sont les charognards comme le vautour ou l’opossum, avec des pH entre 1 et 2. La plupart des carnivores stricts non-charognards présentent des pH entre 2 et 3.
Ainsi, l’être humain possède l’acidité gastrique d’un charognard. Ce qui est en adéquation avec l’évolution de nos ancêtres lointains, qui, avant de devenir eux-mêmes des chasseurs efficaces, se rassasiaient probablement sur les carcasses abandonnées par d’autres prédateurs. De plus, en se spécialisant dans la chasse des animaux géants tels que le mammouth, et sans moyen efficace pour conserver la viande, nos ancêtres consommaient probablement de la viande qui avait fermenté durant plusieurs jours ou semaines. Ceci nécessite une acidité gastrique extrême, sans quoi des infections fatales surviennent rapidement.
Sensibilité à l’insuline
L’espèce humaine possède une faible sensibilité de base à l’insuline. Ce trait se retrouve systématiquement chez les animaux carnivores. Nous sommes génétiquement conçus pour répondre à l’insuline en transformant l’énergie en lipides et en la stockant en réserve afin d’affronter les périodes de jeûne qui surviennent en cas de chasse infructueuse.
Comparativement à d’autres primates, notre tissu adipeux est hypersensible à l’insuline tandis que le reste de notre organisme est naturellement plus résistant à cette hormone. Ceci ouvre une fenêtre pour une meilleure compréhension des problèmes massifs d’obésité et de diabète que nous connaissons aujourd’hui.
Morphologie du système digestif
Les végétaux contiennent de grandes quantités de fibres. Chez les primates, les fibres sont fermentées dans le côlon par une flore bactérienne spécialisée. Ces bactéries digèrent les fibres et les transforment principalement en acides gras, qui sont alors absorbés et fournissent de l’énergie. Un gorille, par exemple, obtient environ 60% de son énergie de cette façon. C’est d’ailleurs pour cela qu’il possède un énorme côlon, comme tous les primates hypervégétariens, tel que notre lointain cousin le chimpanzé, omnivore hypervégétarien.
L’être humain possède un colon 77% plus court que le chimpanzé, et un intestin grêle 64% plus long. Les chercheurs estiment que l’être humain, avec son côlon très court, n’est capable d’obtenir que 4% de ses besoins en énergie via la digestion des fibres dans le côlon.
Les sucres, les graisses et les protéines sont absorbés dans l’intestin. Les sucres le sont plus rapidement, c’est-à-dire plus « haut » dans l’intestin, que les graisses et les protéines. Le fait que l’intestin de l’être humain se soit considérablement allongé indique une pression visant à favoriser l’absorption des graisses et des protéines. En effet, leur digestion est plus lente et l’absorption s’effectue « plus bas » dans l’intestin. Un intestin plus long permet de s’assurer que toutes les graisses et protéines sont bien absorbées.
Il faut souligner ici une évidence : une alimentation hypercarnivore est bien plus riche en graisses et en protéines qu’une alimentation végétale, qui est plus fibreuse et riche en hydrates de carbone.
Tout cela indique une fois de plus une pression sélective en faveur d’une alimentation riche en aliments de source animale.
Morphologie de la mâchoire
L’homme présente une mâchoire beaucoup plus faible et moins efficace pour la mastication des aliments fibreux que les autres hominidés. La diminution de la taille de la mâchoire a commencé avec homo erectus il y a déjà 2 millions d’années. Un chimpanzé passe environ la moitié de son temps d’éveil à mastiquer des aliments, contre environ 5% pour l’être humain. La diminution de l’appareil de mastication a débuté bien avant l’utilisation régulière de la cuisson.
Morphologie du corps
L’être humain est plus élancé que les autres primates et sa musculature favorise le déplacement sur de longues distances au détriment de l’agilité dans les arbres. Les animaux carnivores évoluent sur des territoires bien plus vastes que les herbivores et hypervégétariens.
Par ailleurs, l’être humain possède une articulation de l’épaule unique dans le règne animal. Cette articulation permet spécifiquement le lancé d’objet, favorisant la chasse et l’auto-défense. Cela se fait au détriment de la capacité à se mouvoir dans les arbres, s’y réfugier et y trouver pitance.
Morphologie des adipocytes
Les adipocytes, cellules du tissu adipeux, présentent des différences significatives entre les espèces hypervégétariennes et hypercarnivores. Notre espèce présente une morphologie des adipocytes typique des carnivores, et cela malgré le fait que nous descendions à la base de primates omnivores hypervégétariens. Ceci indique une pression sélective très forte en faveur d’une diète pauvre en glucides et riches en graisses et en protéines.
Âge de sevrage naturel
L’âge de sevrage (arrêt de l’allaitement) d’une espèce est fortement lié à son degré de carnivorisme. Malgré notre espérance de vie bien supérieure à celle des autres primates, le sevrage naturel des bébés humains s’effectue en moyenne entre 2,5 et 2,8 ans. Chez les autres primates, le sevrage survient entre 4,5 et 7,7 ans, ce qui représente entre 15 et 25% de leur durée de vie !
Cet âge de sevrage bas indique un haut niveau de carnivorisme pour l’espèce humaine. En effet, seule une alimentation riche en produits de source animale permet de fournir efficacement les nutriments nécessaires au bon développement du jeune humain, surtout compte tenu de notre faible capacité à digérer les fibres végétales et à détoxifier certains toxines végétales.
L’âge de sevrage plus élevé chez les primates hypervégétariens est simple à comprendre. Leur alimentation ne permet pas un développement optimal du jeune animal. En effet, son système digestif et son appareil de détoxification des toxines végétales, le foie, nécessitent des années de maturation avant d’être pleinement efficaces. Ainsi, le jeune primate hypervégétarien a besoin de lait maternel durant la totalité de son développement, alors que le jeune humain, nourris avec une diète appropriée à son espèce, hypercarnivore, peut rapidement se passer du lait maternel sans subir de troubles du développement.
Il faut souligner que les troubles du développement chez les bébés et jeunes enfants sont en progression dramatique dans notre société moderne. Les recommandations alimentaires habituelles en pédiatrie, faisant la part belle à une alimentation hypervégétalisée, sont absolument catastrophiques.
Les scientifiques se basent sur bien d’autres évidences pour reconstruire notre niveau trophique et l’évolution de notre alimentation durant la préhistoire Je vous ai présenté ici les quelques éléments les plus pertinents du point de vue nutritionnel. Si le sujet vous intéresse, l’étude en question vous présentera également les preuves archéologiques et zoologiques, par exemple l’utilisation d’outils servant à chasser plutôt qu’à cueilleur ou déterrer et bien d’autres choses encore. Cette étude possède une très large base de références scientifiques qui vous ouvre toutes les portes nécessaires pour approfondir chacun des sujets.
Vue d’ensemble de l’alimentation de l’homme durant la préhistoire
Asseyons-nous et résumons tout ça.
Homo habilis amorça le virage hypercarnivore en augmentant considérablement la part animale de son alimentation. Il fut forcé à sortir de son biotope, la forêt équatoriale, à cause du recul de celle-ci entraîné par des modifications importantes du climat et de l’écosystème. Il dut alors s’adapter à la savane, aux prairies et aux forêts moins denses. Médiocre chasseur, il se contentait probablement de petites proies et de charognes laissées par les prédateurs plus efficaces que lui.
Évoluant déjà en groupe, il parvenait probablement à mettre en fuite un prédateur isolé et à récupérer son festin, ou à faire déguerpir hyènes et vautours en faisant bon usage de son articulation de l’épaule propice au lancé.
L’utilisation d’outils rudimentaires lui permettait d’accéder aux nutriments contenus dans les parties auxquels d’autres animaux avaient difficilement accès : moelle, cervelle etc. Il se rabattait encore fréquemment sur des aliments de secours issus du monde végétal, tels que les fruits, les tubercules et peut être encore quelques feuilles parmi les plus tendres et les moins toxiques.
Cet accès à la densité et à la qualité nutritionnelle supérieure des aliments de source animale permit à Homo Habilis de se développer rapidement. La nécessité d’acquérir des facultés cognitives supérieures pour favoriser la chasse en groupe exerça une formidable pression sur l’espèce.
Avec Homo Erectus, un cercle vertueux propulsa alors notre espèce au sommet de la chaîne alimentaire : le renforcement de la qualité nutritionnelle et l’accès plus fréquent à certains nutriments clefs permettait le développement accru du cerveau, ce qui accroissait toujours un peu plus la capacité de chasse de notre espèce. L’homme parvenait alors à terrasser des animaux toujours plus imposants, riches en énergie et en nutriments, libérant ainsi du temps pour d’autres activités favorisant l’évolution et la chasse : la construction d’armes, l’éducation et l’élaboration de stratégies plus efficaces.
À l’échelle de l’histoire, il s’agit d’un véritable sprint : d’un primate situé très bas sur la chaîne alimentaire jusqu’au sommet de celle-ci en quelques centaines de milliers d’années. Les moteurs principaux de cette incroyable évolution ont été la consommation accrue d’aliments de source animale et la maîtrise de la chasse. Plus tard, la maîtrise du feu s’ajouta au tableau. C’est là l’épopée de nos ancêtres.
Que faut-il tirer de tout cela pour notre propre alimentation ?
Notre génétique a été façonnée par cette incroyable épopée. Ces millions d’années à consommer une alimentation omnivore hypercarnivore ont profondément modulé notre physiologie. À notre époque, sous la pression de l’industrie agro-alimentaire, la végétalisation de notre alimentation est en forte progression. Les huiles végétales remplacent partout les graisses animales de nos ancêtres. Les féculents riches en glucides constituent le socle de notre alimentation moderne. On veut toujours plus de fibres. Toujours plus de plantes. On ignore totalement les toxines végétales et leurs effets sur la santé humaine. On démonise la viande rouge, l’aliment de prédilection de notre espèce durant des millions d’années, l’aliment qui a fait de nous des homo sapiens.
Pendant ce temps, les maladies chroniques, dégénératives et auto-immunes explosent. Elles frappent de plus en plus jeune. Plus de 60% de la population américaine souffre d’au moins une maladie chronique. Plus de 40% souffre d’au moins 2 maladies chroniques !
Quelle réponse faut-il apporter ? L’alimentation n’est probablement pas seule en cause, mais elle est certainement une partie importante de l’équation. Renouer avec une diète appropriée à notre espèce est essentiel. Un socle alimentaire de source animale, de qualité, accompagné de végétaux à faible toxicité pour l’être humain, locaux et de saison. La consommation d’aliments non-transformés et adaptés à notre physiologie. Les mêmes que nos ancêtres ! Ceux pour lesquels est fait notre organisme. Ceux qui permettent à notre génétique d’exprimer son potentiel naturel de santé et de performance.
Dans l’article suivant, nous parlerons de l’avènement de l’agriculture, de la montée en puissance des végétaux dans l’alimentation humaine et des conséquences sur notre espèce. Nous parlerons aussi des méthodes ingénieuses utilisées par nos ancêtres pour limiter la casse en tirant le maximum de nutriments de ces végétaux, et d’en diminuer la toxicité systématique.
Sources principales
[i] Ben-Dor, Miki & Sirtoli, Raphael & Barkai, Ran. (2021). The evolution of the human trophic level during the Pleistocene. American Journal of Physical Anthropology.
[ii] DeSilva, Jeremy & Fannin, Luke & Cheney, Isabelle & Claxton, Alexander & Ilieş, Iulian & Kittelberger, Jessica & Stibel, Jeffrey & Traniello, James. (2023). Human brains have shrunk: the questions are when and why. Frontiers in Ecology and Evolution.
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